Tunisie/ Référendum : Le Front de salut fait état « de sérieux soupçons de fraude » et en appelle au parquet

28-07-2022
Ahmed Néjib Chebbi

Le Front de salut national a fait état « d’importants soupçons de fraude » au sujet des résultats du référendum annoncés la soirée du mardi par l’instance électorale, vu les contradictions et la discordance entre les PV régionaux, avec le PV global publié par l’ISIE.

Lors d’un point de presse tenu hier soir, mercredi 27 juillet 2022, le deuxième en 24 heures, le front de salut national a considéré, par la voix de Cheïma Issa, que « la contradiction au niveau des chiffres n’est pas une simple erreur mais traduit de sérieux soupçons, quant à l’indépendance, l’intégrité, la neutralité et la compétence de l’instance électorale », et a appelé le parquet à se saisir de cette question.

Selon ses dires, « la Tunisie aura ainsi perdu un acquis important, celui de l’intégrité des élections, dont le monde a témoigné tout au long des huit échéances électorales, face à ces erreurs en cascade, l’incompétence et les soupçons de trucage ».

« L’on est sorti ainsi de l’Etat démocratique pour revenir aux pratiques surannées qui avaient cours avant la révolution, celles propres aux régimes dictatoriaux », a-t-elle souligné.

Le dirigeant du Front de salut national, Jawhar Ben M’barek, a indiqué, quant à lui, que les écarts relevés entre les PV détaillés et le PV global concernaient 25 circonscriptions sur 33.

Il a ajouté qu’au moment de son intervention, il n’y avait pas encore des résultats préliminaires officiels parus au JORT, devant marquer le commencement de la période des recours.

L’instance supérieure indépendante pour les élections avait, entretemps, fait paraitre l’ensemble des PV liés aux élections. Elle avait annoncé, auparavant, dans un communiqué, le retrait d’une page du PV, où « une erreur matérielle d’un tableau non-actualisé a glissé« .

Il a, par ailleurs, dénoncé « une autre tentative de passage en force, et d’imposer le fait accompli », pour l’organisation des élections en vertu de décrets loi ainsi que de textes régissant la Cour constitutionnelle, affirmant que sa coalition rejette ces projets dès à présent.

Un accord avec le FMI devra être conclu dans un large consensus

En réponse aux accusations adressées au FSN d’avoir appelé le FMI, lors d’une supposée rencontre, de cesser son soutien à la Tunisie, Ahmed Néjib Chebbi a affirmé que « le Front de salut national œuvre dans une totale transparence. Si rencontre, il y avait avec le FMI, on l’aurait annoncé à l’opinion publique. Nous sommes des patriotes, nous ne demandons ni au Fonds monétaire international, ni à un autre pays étranger de cesser son soutien à la Tunisie ».

Il a expliqué que la position déjà exprimée par le FSN à ce sujet consiste à dire que « le FMI se tromperait, s’il pense qu’il pourrait conclure un accord avec un gouvernement en dehors d’un large consensus des forces politiques et sociales pour mettre en œuvre des réformes couteuses ».

« Il pourrait commettre une erreur, comme il l’a fait à la fin des années 70 et début des années 80 lorsqu’il a provoqué les révolutions du pain », a-t-il, encore, indiqué.

« Nous sommes avec les réformes, nous en sommes conscients de l’important coût social, mais il n’y a pas lieu de les mettre en œuvre en dehors d’un large accord politique et social ».

A la question de savoir, si le Front de salut compte intenter un recours en justice contre ce qu’il considère comme « une fraude présumée » des résultats de la consultation référendaire, Néjib Chebbi a rétorqué que l’équipe juridique allait se réunir, prendre une décision, que l’on rendra public le moment venu.

Chebbi a appelé « à saisir la nuance » entre le fait que le ministère public réagisse de lui-même aussitôt de tels soupçons lui parviennent, et un éventuel recours pouvant être intenter par sa coalition à ce sujet.

Gnetnews