Tunisie : Taboubi critique Kaïs Saïed, son discours à la caserne d’el-Aouina, et considère qu’il a choisi « la mauvaise voie »

03-02-2023
Le Secrétaire Général de l'UGTT, Noureddine Taboubi à l'ouverture des travaux de la CA à Hammamet

Le Secrétaire Général de l’UGTT, Nourddine Taboubi, a affirmé, ce vendredi 03 février, que son organisation est « visée », car, les autorités « cherchent à faire passer des réformes douloureuses, et à faire diversion en ayant recours à des futilités, pour dire que l’origine du mal, est l’UGTT », qualifiant la situation dans le pays de « difficile et périlleuse ».

Air grave et visage fermé, le chef de la centrale syndicale n’y est pas allé de main morte envers le président de la république, Kaïs Saïed, à l’ouverture de la commission administrative syndicale, critiquant son discours à la caserne de la garde nationale d’el-Aouina, dont le but est, à ses yeux, « de terroriser les Tunisiens, et d’affirmer que les forces sécuritaires et militaires lui prêtent allégeance, alors que leur rôle est de protéger la patrie ».

« Une heure après ce discours, le secrétaire général du syndicat de Tunisie Autoroutes était appréhendé, une brigade spéciale s’est rendue à son domicile et l’a arrêté, terrorisant sa femme et ses enfants. Anis Kaâbi n’est pas un voleur et son incarcération est un honneur pour l’ensemble des syndicalistes », a-t-il dit en substance.

Il a ajouté que « la grève de Tunisie Autoroutes était reportée, à deux reprises, car nous sommes des tentants de dialogue, mais vainement, le syndicat y était, in fine, contraint ».

« C’est le président de la république qui décide de tout »

Noureddine Taboubi s’en est pris, frontalement, au chef de l’Etat, « désormais, c’est lui qui est le magistrat, qui décide qui l’on met en prison, et qui on punit », s’est-il élevé.

Le chef de la centrale syndicale a, encore, souligné que « la faible participation aux législatives,, dans leurs deux tours, devait amener Kaïs Saïed à opter pour un discours d’unité, et rassembler les Tunisiens, mais il a, a contrario, choisi le mauvais chemin ».

« A travers ses discours, Kaïs Saïed appelle les Tunisiens, directement ou indirectement, à se faire la guerre », a-t-il fustigé.

Noureddine Taboubi, qui semble s’inscrire à travers ce discours en rupture avec le pouvoir en place, a défendu le droit de l’UGTT d’appeler au dialogue national et de proposer des alternatives et une initiative de sortie de crise, étant entendu qu’elle « porte dans son âme, le sens du combat national ».

« L’organisation syndicale, sans minimiser le rôle de ses partenaires et des autres organisations nationales, est la tête de pont dans cette initiative, laquelle repose sur la diversité pour déboucher sur des idées et des contenus pluriels susceptibles de sortir le pays de la crise », a-t-il souligné.

Le leader syndicaliste a affirmé que « son organisation est un acquis national, a toujours joué son rôle lors des épisodes sombres de l’histoire, et demeurera aux côtés du peuple, pour défendre le droit de manifestation, la liberté d’expression, vaille que vaille ».

Il a évoqué les messages de solidarité qui sont parvenus à son organisation de tous les coins du monde, tout au long de la journée d’hier, suite à cette arrestation.

Noureddine Taboubi a annoncé que « la commission administrative allait étudier, en profondeur, la situation dans le pays, les exigences sociales, les conventions conclues, ainsi que le débat politique et social, qui vient de recevoir un coup dur ».

Les syndicalistes étaient vent debout, après l’arrestation de leur collègue, condamnée, avec fermeté, par le bureau exécutif de l’UGTT, qui en a réclamé la libération immédiate.

D’où cette réunion de la Commission administrative, instance suprême syndicale, décidée en urgence pour annoncer une position  claire envers ce que l’organisation considère comme « une atteinte manifeste au droit syndical ».

Ce sera l’apaisement ou l’escalade ? « Nous ne serons pas dans la légèreté », a promis Taboubi.

Gnetnews