Alerte sur le recyclage du plastique en Tunisie : Un système à l’agonie, des pertes fiscales colossales en vue

La sonnette d’alarme a été tirée ce mardi lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’organisation patronale, réunissant les deux chambres nationales de collecte et de recyclage des déchets plastiques. En première ligne, Hamza Chaouech, président de la Chambre nationale des collecteurs de déchets plastiques, a dénoncé la dégradation inquiétante du système Ecolav, pourtant pionnier en matière de gestion des déchets plastiques depuis sa mise en place en 2004.
Selon lui, cette défaillance a entraîné une chute dramatique du volume de plastique collecté, passant d’environ 80 000 tonnes par an à… seulement 450 tonnes aujourd’hui. Une chute vertigineuse, alors même que plus de 180 entreprises opèrent dans le secteur, dont seules une trentaine sont encore intégrées au dispositif Ecolav (10 pour la collecte, 20 pour le recyclage).
« Ce système soutient des centaines d’emplois et contribue aux recettes fiscales à travers une taxe sur les matières premières plastiques importées », a-t-il rappelé. Si rien n’est fait, le pays pourrait perdre jusqu’à 400 millions de dinars de recettes fiscales issues de ce mécanisme, qui alimente notamment le Fonds de lutte contre la pollution.
Le directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets a de son côté relativisé les chiffres avancés par la profession, indiquant qu’un volume annuel de 70 000 tonnes collectées était largement surestimé. « Si le secteur atteint 500 tonnes, ce sera déjà un exploit », a-t-il ironisé.
Dans un climat d’incertitude, les présidents des deux chambres ont aussi exprimé leur inquiétude quant à l’avenir du programme ECO-PIL pour la collecte des batteries rechargeables, appelant l’État à soutenir davantage les entreprises vertes.
Enfin, Hanen Slimi, présidente de la Chambre nationale de recyclage, a insisté sur l’enjeu économique de la filière : la majorité des déchets plastiques recyclés sont exportés, notamment vers la Turquie, générant des recettes en devises. « Ce que nous ne collectons pas finit dans la mer. C’est notre environnement, notre santé, notre avenir qui sont en jeu », a-t-elle conclu.
Un cri d’alerte adressé aux autorités, alors que l’économie circulaire peine à trouver son souffle en Tunisie.
Gnetnews